La première partie se fait le long de la faille de Villefranche sur
le plateau de Najac où après Mergieux, vous cheminez au bord de
l’Aveyron avec la fraicheur de l’ombre des peupliers et le
chatoiement des reflets du soleil sur la nappe d’eau des retenues
des moulins.
Laguépie-en-Rouergue marque cette transition : vous quittez
l’ancienne province du Rouergue pour rentrer en Albigeois, vous
quittez les gneiss et granites du Massif Central pour aborder les
terrasses argilo-calcaires qui dominent la plaine du Tarn et le
Bassin de la Garonne.
De Laguépie à Cordes, le paysage change
à tout moment, par une succession de petites vallées et de lignes de
crêtes donnant sur de très belles vues lointaines. Enfin ce sont les
hauteurs de la vallée du Cérou et l’extraordinaire point de vue sur
Cordes sur Ciel. Le pèlerin médiéval y était accueilli par une
confrérie de Pèlerins. Il subsiste de nos jours de nombreux
témoignages jacquaires (restes d’un hôpital Saint-Jacques du XIVe s,
capelette du XVIe, pierres armoriées ornées de coquilles et de
bâtons de pèlerins.
La bastide comtale fondée par Raymond VII de Toulouse; Grand Site
Midi-Pyrénées reçoit tous les ans des centaines de milliers de
visiteurs à la recherche d’un patrimoine authentique.
En quittant Najac vous empruntez le Pont Saint Blaise (XIIIème s.) et passez devant les vestiges d’une ancienne maladrerie. A l’époque médiévale la difficulté de franchissement des rivières était liée à la rareté des ponts. Leur présence est l’indice d’un point de passage obligé pour les voyageurs et les pèlerins. Paradoxalement les lépreux étaient bannis de la vie de la cité mais vivant de la charité publique les maladreries étaient sur le passage de chemins fréquentés. Les pèlerins y faisaient acte de dévotion à Ste Madeleine comme à Villefranche où ici à St Blaise.
Arrivé sur le plateau très beau point de vue sur le château et la cité de Najac. Le hameau du Bastit est un ancien village de mineurs qui a eu au Moyen-âge une intense activité industrielle, allant de l’extraction du minerai à la métallurgie du cuivre. La fabrication de chaudrons dans des martinets a contribué à faire la richesse du pays.
La vallée a servi de passage à la voie ferrée construite par la Compagnie du Grand Central au milieu du XIXème s. Elle avait vocation à transporter le charbon et les produits métallurgiques du bassin d’Aubin Cransac. Elle a nécessité de grands efforts techniques puisque de Monteils à Mergieux dans la partie la plus encaissée des gorges de l’Aveyron, soit 9 km à vol d’oiseau, on dénombre 14 tunnels et 13 ponts sur la rivière. Trois ouvrages au kilomètre !
La rivière offre une activité sportive avec raft et canoë-kayak ; c’est une activité suffisamment rare sur un chemin de Saint-Jacques pour être signalée ; et pourquoi pas de descendre de Najac à Laguépie à bord d’une embarcation et renouer avec une vielle tradition du transport des pèlerins par voie d’eau ; contacter l’AGAAC ; à Gaillac le Tarn devenant navigable, vins et voyageurs y empruntaient les gabarres.
Etape idéale à mi-parcours de Najac et de Cordes, La Guepia - la guèpe en occitan- au confluent du Viaur et de l’Aveyron offre toutes les commodités d’une petite ville. Début juillet Université Occitane ; en octobre Fête de la Châtaigne dont une variété porte son nom : le Marron de Laguépie.
Passé la rivière, fini le Rouergue place à l’Albigeois. Sur la colline le château de Saint-Martin veille en sentinelle pour contrôler le passage de cette voie stratégique ; un détour s’impose pour admirer cette forteresse médiévale souvent démantelée et toujours reconstruite ; de nos jours l’Association du Vielh Castel préserve ce patrimoine menacé.
Avec le plateau cordais débute la zone viticole du Gaillacois. Un cépage mérite particulièrement notre attention, c’est le Fer Servadou, localement appelé Braucol dans le Tarn, mais que les Aveyronnais connaissent sous le nom de Mansoit comme cépage unique du Marcillac. D’après l’ampélographe Guy Lavignac on le trouve sur le trajet des chemins de Saint-Jacques ; relativement rare c’est un bon marqueur des anciennes voies de pèlerinage, originaire du pays basque des boutures auraient été ramenées par des pèlerins de retour de Saint-Jacques de Compostelle. CQFD !
Cordes – la petite Cordou- ne se décrit pas, elle se visite. Cette ville magnifiquement revitalisée offre au touriste comme au pèlerin une ambiance unique où il fait bon flâner. Y prendre son temps au milieu des témoignages jacquaires.